Il arrive, au cours d’une vie professionnelle, de traverser des périodes de doute, de démotivation ou d’épuisement. Mais parfois, derrière cette fatigue ou ce désengagement, se cache quelque chose de plus profond.
Et si ce malaise était le signe que vous n’êtes plus en phase avec ce que vous faites ? Et si, sans le savoir, vous faisiez un brown-out ?
Dans cet article, je vous invite à découvrir ce phénomène encore méconnu, pourtant aussi douloureux et déstabilisant que le burn-out ou le bore-out.
Qu’est-ce que le brown-out ?
Le brown-out désigne une perte de sens dans l’activité professionnelle.
C’est le moment où l’on ne perçoit plus vraiment l’intérêt de son métier, de son poste, de ses missions ou de ses tâches.
Peu à peu, on perd ses repères quant à la valeur de ce que l’on fait. Il devient alors difficile de s’impliquer personnellement, car notre travail ne résonne plus avec nos propres valeurs.
Un désengagement s’installe entre ce que nous faisons et ce que nous sommes.
Une dissonance se crée entre le temps et l’énergie que nous consacrons à notre activité et ce qui compte profondément pour nous : nos croyances, nos idéaux, la personne que nous aspirons à être.
Les facteurs professionnels en cause
Si le brown-out se manifeste avant tout comme une expérience intérieure, il prend souvent racine dans le contexte même du travail.
Certaines conditions organisationnelles ou relationnelles peuvent favoriser ce sentiment de perte de sens et de déconnexion entre la personne et son activité :
- Manque de clarté sur les valeurs ou la mission de l’entreprise
- Réorganisations fréquentes
- Communication limitée sur la vision globale et la place réelle du poste dans cette vision
- Management vertical où les collaborateur·rices se sentent entendu·es
- Absence de mise en perspective des missions au regard du projet collectif
- Tâches répétitives, dénuées de sens ou d’intérêt, qui ne stimulent ni la créativité ni la motivation
Sur le plan légal, il n’existe pas d’obligation pour l’entreprise d’assurer une transparence totale sur ses valeurs, sa vision ou la signification du travail pour chaque salarié.
Le droit du travail encadre surtout les obligations d’information formelles (règlement intérieur, sécurité, rémunération, égalité professionnelle, etc.), mais ne fixe aucune norme précise en matière de sens, de communication managériale ou de cohérence de valeurs.
Cultiver une culture d’entreprise ouverte et transparente favorise la fidélisation, l’implication et la motivation.
Lorsque les valeurs sont partagées, que la communication est claire et que les collaborateurs se sentent entendus, le sentiment d’appartenance se renforce.
Nous faisons alors partie d’une équipe qui avance ensemble vers un projet commun.
Une responsabilité partagée… sans jugement
Cette perte de sens ne surgit pas du jour au lendemain.
Elle s’installe souvent progressivement, portée par un environnement de travail qui ne nourrit plus ce qui est essentiel pour nous.
Certains contextes viennent accentuer cette déconnexion entre l’individu et son activité, jusqu’à créer un sentiment d’incohérence intérieure.
Car même si nous existons en dehors de notre travail, celui-ci participe à notre identité.
Il existe donc une part de responsabilité individuelle à explorer sans culpabilité, avec bienveillance.
1. Reconnexion à soi
Lorsqu’on traverse un brown-out, le stress et la confusion teintent tout le reste : la vie personnelle, la confiance en soi, le monde intérieur.
On doute de tout : de ses compétences, de ses envies, de sa capacité à choisir.
Refaire un choix pour soi devient alors difficile, car les lignes sont floues.
Dans un premier temps, je vous invite à revenir dans votre corps.
Vous avez sans doute passé beaucoup de temps dans votre tête à cause de cette situation.
Allez courir, marcher, nager… faites une activité qui vous fait du bien, qui aide à relâcher les tensions.
Le corps est un point d’ancrage, un repère stable quand tout paraît flou.
Une fois que vous avez fait un peu de place mentale, accueillez simplement ce qui est.
Cela ne veut pas dire que vous êtes d’accord avec la situation, mais que vous prenez conscience de ce que vous vivez, ici et maintenant.
Dans une période de confusion, vouloir aller trop vite vers la solution peut aggraver la perte de sens.
Se reconnecter à soi, c’est au contraire ralentir : respirer, écouter, observer.
Posez-vous ces questions :
- Qu’est-ce que je ressens ?
- Qu’est-ce que mon corps me dit ?
- De quoi ai-je besoin maintenant ?
Ce processus aide peu à peu à reprendre contact avec soi — avec son corps, ses émotions, ses besoins, son rythme.
Se recentrer, c’est accueillir ce que l’on vit sans chercher tout de suite à comprendre ni à corriger.
C’est réapprendre à sentir plutôt qu’à analyser, à s’écouter plutôt qu’à s’évaluer.
On retrouve peu à peu une sensation d’alignement, d’appartenance et de cohérence.
Ce contact avec soi-même est la première étape de tout changement durable.
C’est souvent dans cette pause consciente que naît la clarté nécessaire pour retrouver une direction alignée avec nos besoins, nos envies et nos valeurs.
Une fois ce lien avec soi retrouvé, vient le moment d’explorer ce qui, en profondeur, donne sens à notre vie.
Dans le brown-out, une valeur en particulier mérite qu’on s’y arrête : la valeur travail.
Avant de changer quoi que ce soit à l’extérieur, il est essentiel de comprendre d’où vient le décalage à l’intérieur.
2. Notre valeur travail
Une valeur est un principe symbolique auquel nous accordons plus ou moins d’importance.
Pour certaines personnes, la valeur famille sera primordiale ; pour d’autres, ce sera la justice.
Ces valeurs déterminent nos choix, car elles nourrissent nos besoins de sécurité, d’amour, d’estime ou d’accomplissement de soi (cf. pyramide de Maslow).
Nous avons chacun·e un système de valeurs, hiérarchisé selon nos besoins.
Ces valeurs restent généralement les mêmes, mais leur importance peut varier selon les étapes de vie que nous traversons.
Parmi les éléments à questionner, la place du travail dans notre système de valeurs est centrale, au vu du temps et de l’énergie qu’on y consacre.
La valeur travail, c’est donc la place que le travail occupe aujourd’hui dans ma vie, et les besoins auxquels il répond.
Vous pouvez, dans un premier temps, essayer de comprendre comment cette valeur s’est construite pour vous.
Notre rapport au travail est souvent influencé par les croyances transmises, qu’elles viennent de notre famille, de notre éducation ou de notre environnement social.
Peut-être avez-vous intégré une certaine vision du travail, héritée d’une figure parentale, qui valorise l’effort ou la réussite avant tout.
Mais aujourd’hui, est-ce que cette vision vous correspond encore ?
Faites le tri entre ce qui vous a été transmis et ce que vous souhaitez conserver pour vous.
Les questions à se poser :
- Quelle importance j’accorde aujourd’hui à ma valeur travail ?
- Est-ce que l’importance que je lui donne est juste pour moi dans l’ici et maintenant ?
- Qu’est-ce que je recherche dans mon travail ?
- Quel temps j’ai envie de lui consacrer ?
- Qu’est-ce que mon travail nourrit chez moi ? Et ne nourrit plus ?
- À quels besoins mon travail répond-il actuellement ?
- À quels besoins j’aimerais qu’il réponde davantage ?
- Qu’est-ce qui me manque pour être bien dans mon travail actuel ?
Cette étape vous permet de dresser une cartographie de là où vous en êtes aujourd’hui et de mieux comprendre ce qui est essentiel pour vous. Elle aide à identifier ce qui, dans votre environnement professionnel, crée de la satisfaction ou de la frustration.
Vous pouvez ainsi voir plus clairement ce que votre travail nourrit, et ce qu’il ne nourrit plus, pour ensuite amorcer un réajustement plus aligné avec vous-même.
3. Être moteur du changement
Une fois la reconnexion à soi et la conscience retrouvée de sa valeur travail, vient le moment d’aller au contact.
Autrement dit : demandez un point avec votre entreprise afin de trouver, si possible, une meilleure façon de fonctionner ensemble.
L’objectif est d’exprimer vos besoins et vos attentes pour que votre interlocuteur comprenne exactement où vous en êtes.
Ce n’est pas un exercice facile. Il demande du courage, de la clarté, et parfois une dose de vulnérabilité.
Mais cette démarche vous apporte un élément de réponse à la question essentielle : suis-je à la bonne place pour moi ?
En osant ce dialogue, vous reprenez la main sur la situation.
Vous cessez de la subir et redevenez acteur·rice de votre parcours, plutôt que spectateur·rice ou victime.
L’entreprise peut choisir d’entendre et de répondre à vos demandes… ou non.
C’est son choix, souvent lié à sa politique interne, et non à votre valeur personnelle.
Cela signifie aussi qu’elle accepte, consciemment ou non, les décisions que vous prendrez ensuite pour votre bien-être.
Et cela, quoi qu’il arrive, est déjà un pas vers le mieux.
Si vous constatez que vous êtes arrivé·e à un point de non-retour, il est possible que vous ayez envie de changement : d’entreprise, de métier, voire de vie.
Et c’est parfaitement légitime.
Cette expérience est unique, une opportunité pour vous questionner sur vos besoins, ici et maintenant.
Écoutez cet appel et offrez-vous la possibilité de transformer ce qui ne vous convient plus.
En conclusion
Sortir d’un brown-out demande souvent plus qu’un simple changement d’environnement.
C’est une reconnexion à soi, à son monde intérieur et à ses valeurs.
C’est une opportunité d’inventer un rapport au travail plus aligné avec ce que l’on est, ici et maintenant.
Il faut du temps, du soutien, et parfois de l’aide pour faire le tri.
Si vous sentez que vous avez besoin d’être accompagné·e pour faire ce chemin, ce serait un honneur d’être cette personne ressource à vos côtés, le temps d’un bout de route.
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Gestaltement vôtre,
Héloïse
Sources : https://www.hbrfrance.fr/organisation/le-brown-out-ce-nouveau-fleau-dans-lentreprise-25392 ; https://www.info.gouv.fr/actualite/comprendre-et-prevenir-le-syndrome-de-lepuisement-au-travail ; https://www.malakoffhumanis.com/s-informer/sante/brown-out-definition-signes-prevention/ ; https://www.revuegestion.ca/besoins-et-motivations-une-nouvelle-pyramide-de-maslow