Bore-out : et si je ne servais à rien ?

Vous arrive-t-il de regarder l’heure au travail, en espérant que la journée passe plus vite ? De vous sentir inutile, en décalage, sans savoir vraiment pourquoi ?
Derrière cet ennui, il se cache parfois un mal-être profond : le bore-out.

Qu’est-ce que le bore-out ?

Le bore-out désigne une situation d’épuisement professionnel associée à l’ennui, à la sous-utilisation des compétences et à un manque de stimulation dans le travail. 

Pour faire simple, c’est l’envers du burn-out, l’autre face d’une même pièce.
L’entreprise ne donne pas assez de travail à son employé·e, ou bien lui confie des tâches en deçà de ses capacités. Peu à peu, cela engendre une perte de confiance en soi, un sentiment d’inutilité, une baisse de l’estime personnelle.

Le bore-out ne survient pas par hasard. Il est souvent la conséquence d’un environnement de travail déséquilibré, où le sens et la reconnaissance s’effritent peu à peu.

Les facteurs professionnels en cause

  • Baisse du marché,
  • Charge de travail incomplète ou insuffisante,
  • Manque de sollicitations,
  • Manque de communication au sein de l’entreprise,
  • Problème d’organisation ou de définition des rôles et des tâches,
  • Surqualification par rapport au poste occupé.

En principe, un employeur doit fournir du travail à ses salariés.
C’est une obligation légale, au même titre que celle de verser un salaire.
Lorsqu’une personne est laissée sans mission, “placardisée” ou affectée à des tâches sans intérêt, cela constitue une forme de désengagement professionnel imposé.

Un processus pernicieux

Le bore-out s’installe souvent sans qu’on s’en rende compte.

Une période d’inactivité peut d’abord sembler agréable — comme une respiration bienvenue après une phase intense.
On trouve des explications rationnelles : un ralentissement du marché, un projet en attente, une réorganisation temporaire…

Mais quand cette situation s’éternise, le vide devient pesant.

Et lorsque les raisons extérieures ne suffisent plus à expliquer ce manque, on se tourne vers soi :
« Et si le problème, c’était moi ? »

C’est à ce moment-là que le danger apparaît.
Si je n’ai plus de travail, si l’on ne me sollicite plus, peut-être est-ce parce que je ne suis “pas assez bon·ne” ?
On perd alors confiance en soi et en ses capacités, jusqu’à douter de ce que l’on sait de soi : ce que je vaux, ce que je sais faire, ce que j’apporte.

Si la situation n’est pas rectifiée, elle finit par altérer la vision que l’on a de soi-même, jusqu’à cette pensée douloureuse : « Et si je ne servais à rien ? »

Les conséquences peuvent être sérieuses : dépression, anxiété généralisée, perte de motivation, diminution de la satisfaction de vivre, et même — comme le montre l’étude “Bored to Death” (2010) — une augmentation significative des risques cardiovasculaires.

Une part de responsabilité partagée… sans jugement

À l’instar du burn-out, une part de responsabilité revient à l’entreprise :organisation du travail, clarté des rôles, management, communication…
Mais il existe également une part de responsabilité individuelle, à explorer sans culpabilité et avec bienveillance.

Deux aspects méritent d’être questionnés :

1. Notre rapport au travail

La pensée « Et si je ne servais à rien ? » est une bonne piste pour commencer à comprendre son rapport à la valeur que l’on accorde au travail. En effet, cette pensée met en lumière la notion d’utilité : comme si le travail nous donnait une fonction, et que par cette fonction, nous avions de la valeur.

Cela me fait penser à une de mes clientes, terrifiée à l’idée d’être au chômage. Pour elle, ne pas travailler signifiait deux choses : la perte de lien social et la peur de ne pas savoir quoi faire. Selon ses croyances, cela entraînait aussi la perte d’une part d’elle-même, de son identité ; elle craignait d’être exclue, moins intéressante et d’avoir moins de choses à raconter.

La vision que nous avons du travail est souvent influencée par la figure paternelle et les croyances qu’elle a pu transmettre. Dans le cas de ma cliente, son père était très investi dans sa scolarité et utilisait un système de récompense basé à la fois sur ses notes et sur son assiduité à réaliser ses devoirs. La reconnaissance pour elle passait par ce qu’elle faisait et ce qu’elle faisait bien.

Lorsqu’elle s’est retrouvée dans la situation où elle n’avait plus rien à faire, elle s’est sentie désemparée. Nous avons alors travaillé sur plusieurs éléments, le premier étant de comprendre que sa valeur n’était pas liée à son utilité, et donc pas à son travail.

2.Notre droit à exister autrement que par ce que nous faisons

Nous avons d’abord travaillé sur une idée essentielle : notre valeur ne dépend pas de ce que nous produisons.
Elle n’est pas liée à notre performance, mais à qui nous sommes.
Dans une société où l’on valorise avant tout le faire, quitter cette logique pour réhabiliter le simple être peut sembler contre-intuitif, mais c’est profondément libérateur.

Nous pouvons simplement exister, en tant qu’êtres humains, avec nos forces, nos faiblesses et nos besoins. Oser être pleinement soi-même dans la relation à l’autre — dans notre vulnérabilité, nos joies, nos peines —, c’est exister pleinement et révéler notre véritable valeur.

Dans un second temps, nous avons exploré le fait que l’identité ne se limite pas à un seul rôle.
Chaque personne est composée de multiples facettes : travailleuse, mère, sœur, amie, amoureuse, sportive, créative, sensible…
Aucune n’est plus importante qu’une autre : elles forment un tout — et ce tout, c’est nous.

Reconnaître cette pluralité permet de reprendre contact avec soi-même et de retrouver une identité complète, plus souple et plus libre.

Nous pouvons être compétents au travail sans que ce rôle définisse entièrement notre valeur.
Une passion ou un hobby peut nous nourrir autant que notre carrière — et laisser de la place aux deux, c’est déjà faire un pas vers une vie plus équilibrée.

3.Retrouver la confiance en soi

En parallèle, nous avons travaillé sur la reconstruction de sa confiance.

Au départ, il lui était difficile d’identifier ses compétences et ses qualités.
Nous avons exploré la part de responsabilité de l’entreprise, mais aussi la sienne — toujours sans jugement — pour comprendre ses mécanismes, ses craintes, ses besoins et ses émotions.

Peu à peu, elle a pu prendre de la distance et reprendre confiance.
Elle a redécouvert ce qu’elle savait faire, ce qu’elle apportait, ce qu’elle valait. Cette reconnection à ses ressources a permis de restaurer son estime de soi.

Forte de cette clarté retrouvée, elle a choisi de se confronter à sa peur :
ouvrir le dialogue avec son entreprise, évoquer sa situation et co-construire des solutions.

Ce chemin paraît simple raconté ainsi, mais il demandait une grande dose d’introspection, d’ouverture et de courage.

En conclusion

Le bore-out n’est pas un signe de faiblesse. C’est un signal. Une invitation à revisiter notre rapport au travail, à la valeur, à l’existence.

Et si ce vide n’était pas un manque…mais une opportunité de réapprendre à exister autrement, à choisir différemment ?

Ce chemin peut se faire seul·e… ou accompagné·e. Et si vous sentez que je peux être cette personne ressource, ce serait un honneur de faire un bout de route à vos côtés.

Si cela a éveillé votre curiosité, je vous invite à :

Belle journée à vous, et à mardi prochain 🍁

Gestaltement vôtre,
Héloïse

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